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Shanghai, one cab a day... Un taxi par jour.

Shanghai, one cab a day... Un taxi par jour.
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8 juin 2012

Soundtrack

Je viens de trouver le Soundtrack parfait pour ce blog.Ca s'appelle "taxi":

http://lightbulblife.bandcamp.com/

Merci Willow.

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25 mai 2012

Petite surprise.

Aujourd’hui quand j’ai donné la carte de visite au taxi, j’ai eu un petit choc. Il avait les ongles coupés très court et très proprement. Normalement, le shifu est griffu, et la griffe du shifu pas bien claire. La manucure standard du chauffeur : les ongles de l’annulaire et de l’auriculaire doivent être suffisamment longs pour rattraper la taille du majeur. Certains disent que ça porte chance, d’autres que c’est quand même plus pratique pour se curer le nez et les oreilles, moi je ne sais pas. Ça n’est pas l’apanage du chauffeur de taxi non plus, on voit ça ailleurs aussi. Dans le métro une fois, un type à côté de moi se tenait à la barre métallique et portait des gants, et au bout du petit doigt du gant, il y avait un trou qui laissait dépasser un ongle noir et épais. Ignoble.
L’ongle du pouce est souvent plus long aussi, mais là je dois dire, que tous ceux qui n’ont jamais essayé d’éplucher une orange avec des baguettes et une cuillère en plastique, sans ongles et sans couteau me jettent la première pierre, j’en vois clairement l’intérêt technique. Mais après plus de 2 mois à faire abstraction tous les matins de la répulsion que m’inspirent les ongles sales de mon chauffeur, je suis restée en arrêt sur cette main aux ongles nets, et il a du me prendre pour une maniaque.

Ajout ultérieur (on en apprend tous les jours) : une autre explication au long ongle de petit doigt (presque une oxymore si vous m’en croyez). Ma nouvelle coloc a apporté une nouvelle information : cet ongle prouverait un certain niveau de vie, comme le teint de neige qui faisait fureur dans nos contrées il y a quelques siècles – et est toujours très en vogue en Asie (est-ce la une explication pour le culte de la peau blanche et le marche florissant des crèmes à se blanchir la face, parce que quand même il faut se rendre a l’évidence, les gens d’ici partent avec un handicap), confère a celui qui le porte un statut de je-ne-suis-pas-un-gueux-qui-laboure-son champ. Je n’utilise donc pas une fourche pour me curer l’oreille.

 

22 mai 2012

Debuts (ecrit en 2010)

On_the_way_to_Grace

C’est nouveau, maintenant pour aller bosser je prends un taxi (VW Santana en règle générale). Ça dure presque une heure et réjouissez-vous mes frères, depuis qu’ils ont ouvert le nouveau pont, ça va beaucoup plus vite. En tout cas c’est ce qu’on m’a dit. Je suis arrivée trop tard pour apprécier cette amélioration de la vie quotidienne des gens ayant assez d’argent pour prendre un tacos pour aller bosser. Mais bon, tant que ma boite rembourse, je n’ai pas envie d’aller faire la sardine dans le métro.

Les débuts furent difficiles. La familiarisation avec la prise de taxi à Shanghai est longue et délicate. Le premier écueil : les chauffeurs sont tous sourds et aveugles. Ça ne facilite pas les contacts. Pour autant, ils ont tous leurs particularités, et un taxi chaque jour, c’est un peu de bonheur à partager avec les amis. Donc comme des amis ici je n’en ai pas beaucoup et que je préférerais les garder, je partage ça ici. Au moins je ne prends aucun risque.

Les premiers temps, à part en arrivant après 5 années d’étude de chinois – mieux, de shanghaien, pas moyen de communiquer avec le monsieur ou la dame au volant, donc on lui tend une carte de visite avec l’adresse de l’endroit où l’on désire se rendre. Il (elle) est installé dans une sorte de cage artisanale à base de plexiglas et de barres de métal. Peut-être la réalisation de cette cage est-elle une partie de l’examen pour devenir chauffeur de taxi. A quoi elle sert vraiment, ça n’est pas clair. La seule utilisation dont j’ai eu connaissance, ça me vient d’un collègue - français, c’est que quand on met un grand coup de pied dedans, il comprend qu’il faut arrêter de faire faire du sight-seeing à son passager et qu’il est temps de reprendre la bonne route. Mais bon, je n’en suis pas encore la, je me contente modestement de passer ma petite carte au-dessus de la paroi. En y réfléchissant, la çage est peut-être tout simplement une sorte d’ersatz d’airbag pour choc latéral. Bref. Là en général, le ou la chauffeur(se) se met à grogner, cherche dans l’habitacle une paire de lunettes poussiéreuses et effectue des essais de lecture en approchant et reculant la carte de son visage, avec une amplitude variant entre 4 et 80cms - à la louche. Il effectue ensuite des essais de prononciations, cherchant l’approbation du passager, qui n’y peut mais, vu que s’il savait comment ça se prononce, on n’en serait pas la. S’il ne secoue pas la tête style je ne comprends pas, je ne peux pas lire, c’est écrit trop petit, le rodéo commence. Les premières semaines, j’ai visité une grande partie de Shanghai comme ça. Et sachant que je vais tous les jours au même endroit, c’est une belle performance. Au début c’est énervant, et puis le sentiment d’impuissance et la rage contenue de se faire balader se transforment au fil des jours en une lassitude désabusée. De toute façon il n’y a rien a faire. Alors on s’enfonce dans le siège, et on attend, et on espère. L’espoir c’est important à Shanghai. Au bout de quelques jours, j’ai choisi la politique de l’autruche, souvent je m’allonge a moitié sur le siège arrière, la tête sur mon sac a dos, et j’essaie de finir ma nuit qui est bien souvent trop courte, vu que depuis que je suis a Shanghai j’ai des insomnies, mais c’est un autre problème, qui n’est pas sensé être aborde ici. Enfin pas maintenant. Un matin j’ai eu une chauffeuse, c’est quand même assez rare, elle avait l’air très cool, avec les cheveux bouclés et des lunettes de soleil, je me suis sentie un peu comme a New York, j’étais en confiance. Jusqu'à ce que je relève la tête de mon sac et que je me rende compte que nous étions dans un tunnel. On m’avait déjà baladé sur différents ponts pour passer de Puxi a Pudong, mais là le tunnel c’était du nouveau, ça m’a paniqué un peu. Parce que bon, le taxi je ne le prends pas pour voir du pays, je vais bosser avec aussi, et je suis sensé arriver un jour, il y a même parfois des personnes qui m’attendent, par exemple pour avoir un petit meeting bien senti – genre pour travailler quoi. Et là, j’étais dans un tunnel, ce que je déteste en soi, et qui plus est impossible de savoir ou j’allais, dans ce tunnel. Plus qu’à attendre et à espérer (nous y revoilà) sortir à un endroit pas trop éloigné de la cible. Et paf, sortie sous la Pearl Tower ! Bien senti ça ma fille, c’est juste à l’autre bout de Pudong, mais bon, je n’y avais jamais été, impressionnant quand même cette petite sortie de dessous la tour. Autant dire que je ne suis pas arrivée en avance au taf.

La surdité des chauffeurs, on la découvre plus tard, quand on a appris quelques mots, genre le nom du grand pont qui doit vous emmener au plus près de l’endroit où vous souhaitez aller, pour moi le Nanpu Daqiao. Justement celui qui a ouvert il n’y a pas très longtemps et qui vous fait gagner 20 minutes, ce qu’apparemment le tiers des chauffeurs de taxi de la région n’a pas encore intégré. Ou alors c’est un calcul, ce qui n’est pas idiot non plus, sachant que le déplacement du trafic entraîne un déplacement des bouchons à peu près proportionnel au volume d’air vicié déplacé. Donc on s’entraîne, on s’applique, on fait comme si on était chez un orthophoniste un peu attardé mental, on essaie de prononcer les bons mots dans l’ordre, et surtout avec la bonne accentuation, pour éviter de les insulter par inadvertance, ce qui dans la langue chinoise peut se produire plus vite que dans n’importe qu’elle autre. Qui sait, un nom de rue anodin pourrait se transformer en « ta sœur la pute » et ce n’est pas comme ça qu’on arrive au travail à l’heure, c’est moi qui vous le dis. En général, un grognement d’incompréhension récompense les efforts fournis. En gros, soit le shifu (prononcez chouffou) connait l’adresse et la route, soit tu vas mettre en moyenne une fois et demi le temps nécessaire pour arriver et payer en conséquence. Tous les shifus ne sont pas de mauvaise foi, j’en suis convaincue, d’ailleurs il y en a même qui refusent de démarrer et t’envoient te faire foutre au prétexte qu’ils n’arrivent pas à lire ton petit papier avec l’adresse, à comprendre ton baragouinage, ou que ta trogne ne leur revient pas, après c’est selon l’humeur, on interprète ça comme on veut. Il y en a beaucoup aussi, qui tout simplement ne s’arrêtent pas. Au début je pensais que les taxis avec la lumière verte, c’était ceux qui étaient libres, ceux avec la rouge les occupés, les sans lumière ben fallait voir, et puis on m’a expliqué, quand il y a de la lumière, ça veut dire qu’ils sont libres. Mais ça ne veut pas dire qu’ils vont s’arrêter, ça serait beaucoup trop facile. Le matin en général il y a un ou deux qui me snobent gentiment, alors je leur fais une petite danse, le bras en l’air (c’est la position normale pour attendre le taxi, peu de positions plus ridicules au bord du trottoir), ou je leur envois des baisers dans le rétroviseur, mais bon, ça ne change rien à mon problème, je suis toujours là sur le trottoir, le bras en l’air, et j’essaie de digérer l’humiliation avec le sourire. Rien de pire qu’un lundi matin le bras en l’air, sous la pluie, avec un meeting qui commence bientôt, et je ne vous ai pas encore parlé de mon boss… Mais avant d’en arriver là, on pourrait parler aussi de la course au taxi. Parce que déjà que ça n’est pas facile en plus de ça il faut bien être conscient du fait que l’on n’est pas le seul sur le trottoir le bras en l’air. Au début c’est un peu le bizutage, il y a d’autres personnes qui attendent, on se la joue fair play, ah oui, monsieur, vous étiez là avant moi, si vous voulez bien vous donner la peine… et on se fait griller par les chinois qui ne s’arrêtent pas à ce genre de formalités et qui vous passent devant pour monter sous votre nez dans le taxi que vous aviez péniblement réussi à arrêter. Ici, pas question de s’occuper des autres, ils sont beaucoup trop nombreux, C’est chacun pour sa gueule. Et au bout de 20 minutes on est soi-même prêt à tout pour choper enfin de ces putains de taxi, et on s’en fout de quelle couleur – parce qu’il parait que suivant leur couleur ils sont plus ou moins bien (les mieux étant les oranges et les turquoises), moi personnellement je n’ai pas encore compris le ranking, et je m’en fous tant que le type m’emmène bosser. Bien sûr il y a les tacos avec le petit écran accroché sur le dossier du siège passager, qui vous saoule avec sa musique de jeu vidéo et vous fait la pub pour la carte interactive de Shanghai, avec la possibilité de toucher l’écran tactile (beurk) pour qu’il dise au chauffeur comment s’appelle l’endroit ou le doigt est posé. Forcément tous les endroits indiqués sont des endroits où tu n’iras jamais. Après les premières minutes de bavassage qu’on ne peut pas éviter, il y a enfin la possibilité de couper le son. Par contre celle de mettre sa ceinture n’est jamais donnée, ce qui fait mentir la voix féminine qui vous y invite au démarrage du compteur. Merci l’expo. Ils feraient mieux d’upgrader le hardware que les softwares, voire de remplacer les portières des taxis, ça, ça ne serait vraiment pas du luxe. La portière du taxi a une caractéristique, et ceci peu importe sa couleur, c’est qu’elle ne ferme pas. Enfin pas vraiment, en tout cas pas de partout. Ce qui permet à un petit courant d’air de circuler en permanence même quand on s’est employé à essayer de colmater toutes les brèches en commençant par fermer les fenêtres. Le courant d’air s’avère toutefois être essentiel dans la mesure où les taxis ne sont pas équipés de ventilation, en tout cas pas de façon standard, et que dès qu’il pleut les vitres se couvrent de buée et le chauffeur n’est plus seulement esclave de sa piètre vision, mais doit encore réussir à éviter les autres véhicules en en devinant la forme estompée dans la brume. Pour s’aider à naviguer, il klaxonne. Croyez-moi, trop de klaxon tue le klaxon, moi maintenant les mecs qui klaxonnent je les ignore délibérément. Toujours est-il qu’ils klaxonnent tous comme des petits fous, ça doit avoir une certaine valeur ajoutée au final. Mais c’est aussi une question de tempérament, tous les chauffeurs ne font pas le même usage de leur engin, certains l’ignorent superbement, d’autres le tripotent tout le temps, je vous laisse en tirer vos propres conclusions. Toujours est-il qu’en 45 minutes de taxi, on a largement le temps de choper la crève. Et si ça ne suffit pas, il y a l’air conditionné à fond toute la journée au bureau. Mais revenons-en à nos taxis. Une fois le taxi chopé et lancé dans la bonne direction, le chauffeur, le shifu (au passage cela signifie maître, ou mentor en chinois, le Yoda de service quoi – il faut dire qu’une fois dans le taxi, il a votre destinée en main le bougre, votre intégrité physique ne tient plus qu’à ses réflexes et à ses pédales… bref s’il a mangé du tofu pas frais au petit déj ou si son congee était tourné, vous êtes dans le caca) en général va tout donner pour être le premier, si tant est qu’il y ait un premier sur la route. Il va zigzaguer entre les autres véhicules, se glisser dans chaque interstice, doubler à droite et à gauche, tourner quelque soit la couleur du feu, il va transformer son taxi l’espace de quelques instants de terreur pure en tapis volant. La seule parade : faire comme si de rien n’était, ne surtout pas se sentir concerné, au mieux ne pas regarder par la vitre, bref, faire le mort. C’est tout comme.

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